Découvrez les origines du tabac, de sa découverte au Portugal et son introduction au 16e siècle, jusqu'aux "blondes" amenées par les américains durant le seconde guerre mondiale.
C'est à Jean Nicot, ambassadeur de France au Portugal, où était cultivé le tabac pour ses vertus médicinales, que l'on doit son introduction en France en 1561. Pour soulager les migraines du fils de Catherine de Médicis, François II, il lui envoya des feuilles de tabac râpées. Le tabac devint alors le "petun", "l'herbe à la reine" ou encore la "Catherinaire"1, "Herbe à Nicot", "Herbe à tous les maux". À cette époque, il est prisé ou bu en tisane3. La vente en est exclusivement réservée aux apothicaires.
Au XVIIe siècle, la France comprend bien le bénéfice fiscal du commerce du tabac : le cardinal de Richelieu instaura des droits de douane sur la circulation du tabac en 1629. Utilisée sous forme de prises, elle devint très populaire dans le royaume. Certains s'y opposèrent en l'associant au domaine de la sorcellerie. En 1642, le pape Urbain VIII a même menacé d'excommunication les consommateurs de tabac4. Colbert fit de la fabrication et la vente du tabac un monopole royal en 16745, les premières manufactures de tabac sont créées et l'État récolta de très grosses sommes grâce à sa culture. En 1719, pour une meilleure maîtrise de la culture, elle est prohibée dans toute la France sauf en Franche-Comté, en Flandre et en Alsace, avec des condamnations pouvant aller jusqu'à la peine de mort6.
Mais son succès est tel qu'on y fait régulièrement référence : notons par exemple Molière, qui dans sa pièce datée de 1665, Dom Juan ou le Festin de pierre écrivit : "qui vit sans Tabac, n’est pas digne de vivre ; non seulement il réjouit, et purge les cerveaux humains ; mais encore il instruit les âmes à la vertu..."1. La chanson populaire "j'ai du bon tabac" composée au XVIIIe siècle en est un autre exemple. On attribue au tabac diverses vertus en plus de la guérison des migraines : il soigne les maux de dents ainsi que les rhumatismes2. Prisé ou chiqué, la consommation se répand dans les milieux populaires comme chez les bourgeois.
En 1809, le principe actif du tabac, la nicotine, est isolé par le pharmacien et chimiste Louis Nicolas Vauquelin5. Il la soupçonna d'être un poison. Le monopole instauré par Colbert sera supprimé lors de la révolution de 1789, mais vite rétabli par Napoléon en 1810 sous le nom de Régie d'État5.
La cigarette, qui est peu coûteuse, arrive en France dans les années 18305. Le tabagisme en France ne cessera d'augmenter ce qui inquiètera les médecins, persuadés de ses méfaits sur la santé (l'Association française contre l'abus du tabac est créée en 1868 et la Société française contre l'abus du tabac en 18754).
James Bonsack a inventé en 1881 la machine à rouler les cigarettes, ce qui baissera encore considérablement les coûts de production5.
Pendant la Première Guerre mondiale, la consommation de la cigarette se généralise chez les hommes, mais également chez les femmes4. Les cigarettes blondes ont été apportées en France par les G.I américains en 1944. À partir de cette date, le tabac blond et les marques de cigarettes américaines envahiront l'Europe5.
La cigarette filtrée est inventée en 1930 et sera mise en vente en 19505.
La vente du tabac a été pendant longtemps réservée aux apothicaires. Le premier débit de tabac connu en France se nommait la civette et remonterait à 1716. Ces commerces étaient reconnaissables grâce à une statue de Turc fumant le chibouque ou par une carotte de tabac (un paquet de feuilles attachées ensemble)7. La création des nombreux bureaux de tabac trouve cependant ses origines dans la réglementation imposée par l'État afin d'exploiter au mieux son monopole.
Les bureaux de tabac trouvent leur origine dans le monopole d'État sur le tabac, un monopole qui remonte à l'époque de Louis XIV. C'est par la déclaration royale du 27 septembre 1674 que celui-ci fixa la vente et la distribution du tabac comme un monopole, tandis que la culture et la manufacture des cigarettes restent libres. Par la suite, le monopole est brisé puis rétabli plusieurs fois.
En 1804, la Régie des droits réunis est créée et des licences annuelles sont attribuées aux fabricants et aux débitants de tabac. L'étau se resserre ensuite sur la culture du tabac, pour aboutir à un véritable monopole sous le 1er juillet 1811, sous Napoléon 1er. À noter que l'État met aussi en place un monopole sur les allumettes le 2 août 18728.
Le monopole de l'État est resté vivement contesté jusqu'au début du XXe siècle, amenant à la création d'une commission extra-parlementaire chargée d'étudier les avantages et les inconvénients du monopole sur le tabac9. Le rapport Citroën est rendu en 1925 et ses conclusions amènent à la création le 13 août 1926 du Service d’exploitation industrielle des tabacs (SEIT). Ce service deviendra le SEITA en 1935 après avoir récupéré l'exploitation du monopole des allumettes10.
Après la création de la CEE en 1957, le monopole d'État est progressivement assoupli, notamment sur les importations dans les années 70. En 1980, le SEITA devient une société Société nationale, la SEITA, et s'ouvre à l'exportation à l'étranger. Le 4 janvier 1995, la participation de l'État dans la SEITA est transmise au privé, mettant fin au monopole de la fabrication des tabacs et des allumettes. Dès lors, seul le monopole sur la vente au détail subsiste10.
Le pouvoir politique dispose dès le Second Empire de nombreux bureaux de tabac (17 000 en 1816) qui vendent également les timbres fiscaux. L'administration désigne les titulaires des bureaux et ces derniers se rétribuent sur des majorations de prix à la vente encadrée par l'État. Pendant plusieurs décennies, les titulaires désignés sont souvent des veuves ou des orphelins de fonctionnaires ou de militaires. Les candidats à l'exploitation des bureaux sont très nombreux, on en dénombra en effet 39 980 en 187311.
Ce système prend fin en 1906, l'administration de l'État désigne alors des gérants pour exploiter les bureaux de tabac et la redevance qui est leur est versée est fixe. À partir de 1961, la SEITA décide, en collaboration avec le ministère des Finances, des ouvertures, fermetures et reventes des débits de tabac. En 1970, on comptera 48 892 bureaux de tabac, puis 36 431 bureaux en 199211. Aujourd'hui, on dénombre environ 28 000 buralistes en France.
La carotte rouge est l'emblème officiel et obligatoire des bureaux de tabac depuis 1906. Si on pense à la carotte qui permet de conserver l'humidité du tabac en vrac, le symbole provient des XVIIe et XVIIIe, durant lesquels le tabac à mâcher est présenté sous forme de carotte composée brins de compressés et liés ensembles. Il fallait la couper en morceaux et la râper soi-même avant de mâcher ce tabac. Cette présentation était très populaire, au côté du rôle, qui se présentait lui sous la forme d'une fine corde de tabac tressé11.
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